Le 26 février 2022, le salon international de l’agriculture ouvrait ses portes. Le réseau des paysans et paysannes bio des réseaux se posait alors la question du rôle des interprofessions contre le ralentissement des marchés biologiques. Entre petites phrases assassines et refus de financer des campagnes promotionnelles sur la bio, c’est à se demander si ces structures étaient vraiment alignées sur l’objectif de 18% de SAU bio annoncé par le gouvernement pour 2027.
« Aujourd’hui, c’est le marché qui doit développer la Bio »
Dès le début du quinquennat le gouvernement a décidé que les agriculteurs et agricultrices ayant des pratiques plus favorables à l’environnement et à la santé ne seraient pas soutenus par des financements spécifiques de la politique agricole commune mais devaient se rémunérer par le marché.
La Bio n’est pas reconnue au sein des interprofessions
En France, c’est la mission des interprofessions d’assurer la promotion des produits agricoles. Elles sont autorisées à prélever des taxes sur les productions[2]. Aujourd’hui la Bio ne bénéficie pas de ces budgets promotionnels alors qu’en 2021, le CNIEL a prélevé aux agriculteurs biologiques 2 millions d’euros de taxes et en a réinvesti à peine plus de 15% sur la Bio. Du côté des fruits et légumes, le marché bio pèse près de 2 milliards d’euros et l’interprofession ne met que 100 000€ sur la Bio. « Nous sommes dans une situation intenable où le marché doit se développer seul et les interprofessions nous refusent les moyens des autres, alors que nous y contribuons comme tout le monde. Ou bien ces interprofessions incluent la Bio dans leurs communications, ou bien nous nous battrons pour que les bios n’aient plus à payer ces taxes » conclut Mathieu Lancry, président de FOREBIO[3].
Une première campagne de promotion timide
Il a fallu que le président de la FNAB, Philippe Camburet, interpelle d’Emmanuel Macron lors de l’ouverture du salon de l’agriculture pour que soit enfin lancé la première campagne de promotion de l’agriculture biologique qui sera co-construite par l’Agence Bio et les interprofessions.
« Le travail de mobilisation des acteurs de la Bio qui été mené depuis plusieurs mois aux côtés de l’Agence Bio et du Ministère de l’Agriculture commence à porter ses fruits, constate Philippe Camburet, président de la FNAB. Une première campagne de promotion permettra dès cette année de donner une toute autre ampleur à la 23e édition du “Printemps bio” et nous espérons qu’une seconde campagne sera lancée dès cet automne. »
La FNAB relève que les interprofessions laitières et des fruits et légumes ont joué le jeu de ce travail mené en commun en mettant 200.000 € d’achats d’espace dans les médias pour cette campagne de promotion de l’agriculture bio. « Il faut absolument que les filières viande leur emboîte le pas et ne pas attendre que le marché se tasse pour réagir », conclut Philippe Camburet.
Pour rappel la FNAB demande que les interprofessions mettent en regard pour les années qui viennent les budgets de communication destinés à la bio et l’objectif gouvernemental de 18% de surfaces agricoles cultivées en bio en 2027, afin que le marché soit bien au rendez-vous des conversions.