Source : Arvalis, 22 juin 2023

Des essais récents montrent que cette technique est bien adaptée à certaines espèces de couverts d’interculture aux semences petites à moyennes, dès lors qu’elle est effectuée juste avant la moisson. Anticipé plus de 15 jours avant la récolte, le semis à la volée donne des résultats beaucoup plus variables.

Le semis à la volée de couverts ou de prairies dans les céréales est connu depuis de nombreuses décennies. Des matériels de semis sous la coupe de la moissonneuse-batteuse ont été mis au point il y a plus de 30 ans. Les premiers essais réalisés par ARVALIS datent du début des années 90 dans l’optique d’implanter des jachères. Plus récemment, depuis l’été 2019, des essais ont comparé le semis à la volée avant la moisson d’un blé avec une technique de référence juste après moisson (0 à 9 jours après, en semis direct ou sur déchaumage). Sur 19 essais, nous avons distingué le semis à la volée juste avant moisson (0 à 10 jours avant) du semis à la volée « anticipé » (18 à 80 jours avant moisson).

Des levées équivalentes pour des semis à la volée juste avant moisson

Comparé à la référence, le semis à la volée juste avant moisson a donné des levées en moyenne équivalentes. Il y a des nuances selon la gestion des pailles et les espèces de couvert. Lorsque les pailles sont exportées, les résultats obtenus sont moins bons, en lien avec un mulch moins abondant pour recouvrir les semences. Certaines espèces ont des levées en moyenne équivalentes au semis après récolte, à l’instar du sorgho ou du trèfle incarnat (tableau 1). Pour le radis, le lin et la phacélie, les levées sont même meilleures à la volée qu’en semis post-moisson.

Tableau 1 : Adaptation des espèces de couverts au semis à la volée juste avant moisson (résultats obtenus pour la levée en comparaison à un semis peu de temps après moisson, en semis direct ou sur sol déchaumé)
Tableau 1 : Adaptation des espèces de couverts au semis à la volée juste avant moisson (résultats obtenus pour la levée en comparaison à un semis peu de temps après moisson, en semis direct ou sur sol déchaumé)

Semer à la volée bien avant moisson : une pratique plus risquée

Les semis à la volée anticipés ont connu des fortunes plus diverses que ceux réalisés juste avant moisson. En cas de semis sur sol sec sans pluie les jours suivants, les semences se sont bien conservées et ont abouti à des levées en août de bon niveau. Lorsque ces semis anticipés ont pu être faits sur des sols humides après des pluies significatives, cela a permis la germination précoce des couverts. Les plantules ont cependant pu disparaître ultérieurement lors d’une période chaude et sèche en juin ou juillet. Trois types de problèmes ont pu être observés :

  • Le germe se dessèche avant qu’il n’ait pu pénétrer dans le sol (semence posée sur le sol et non recouverte), en cas de temps très séchant pendant la phase de germination ;
  • La plantule se développe correctement avant de mourir de dessèchement car le sol perd la plus grande partie de son eau à cause d’un blé encore vert transpirant énormément ;
  • En cas de semis très précoce (mars à mai), les plantules peuvent disparaître par manque de lumière sous la céréale (étiolement).

Des simulations avec le modèle CHN ont confirmé que le risque de dessèchement du sol sur l’horizon 0-10 cm est plus élevé en mai ou juin sous un blé qu’après la moisson. La transpiration de l’eau du sol par une céréale est tellement élevée qu’elle fait courir de grands risques à de jeunes couverts semés bien avant la moisson.

Les mesures de biomasse confirment les observations à la levée

Pour compléter l’analyse, la biomasse des couverts a été mesurée pour différentes dates et techniques de semis, sachant que les espèces utilisées étaient adaptées en fonction de leur période d’implantation (figure 1). Les écarts observés entre techniques sont rarement significatifs, sauf entre le semis tardif de septembre et les meilleures techniques (semis à la volée avant moisson et semis direct en août). On peut noter que le semis à la volée anticipé aboutit à des biomasses plus variables que celles obtenues pour un semis juste avant moisson. Cela résulte de plus forts aléas à la levée.

On peut également noter que les semis juste après moisson ne donnent pas nécessairement les meilleurs résultats. S’ils bénéficient de plus grandes sommes de température que des semis d’août, ils peuvent être davantage exposés à des conditions stressantes en juillet et août.

Figure 1 : Biomasse obtenue pour différentes dates et techniques de semis – Modèle linéaire mixte utilisé sur 29 essais, dont 19 étudiant le semis à la volée
Figure 1 : Biomasse obtenue pour différentes dates et techniques de semis - Modèle linéaire mixte utilisé sur 29 essais, dont 19 étudiant le semis à la volée

Une pratique à éviter en présence d’adventices difficiles à contrôler

Le nombre d’adventices et repousses par mètre carré n’a pas été impacté par les différentes techniques de semis (à la volée anticipée, à la volée avant moisson, après moisson), lorsque la mesure a été réalisée en entrée ou sortie d’hiver. La non-perturbation du sol a parfois un impact sur les levées mais il est variable selon les conditions et s’estompe avec le temps. Certains essais ont montré que le semis à la volée avant moisson n’était pas adapté à certaines parcelles sales, en présence significative de vivaces ou de jeunes adventices qui auraient levé en fin de printemps dans la céréale (chénopodes, renouées, panics…) et pourraient atteindre la grenaison en août si elles ne sont pas détruites. L’absence de travail du sol imposée par le semis avant moisson ne permet pas la destruction de ces adventices.

Quels matériels utiliser ?
Un des freins à la mise en œuvre du semis à la volée avant ou pendant la moisson est l’épandage de petites graines en grande largeur, en utilisant les passages de pulvérisateur. Plusieurs options existent, avec chacune leurs points forts et leurs limites :
– Le recours à un drone. Ce type de prestation commence à se développer. Les freins en sont le coût et la capacité de charge de l’engin, qui limite la quantité épandue à 10 kg/ha maximum.
– Le semis sous la coupe de la moissonneuse, techniquement au point. La principale contrainte est la surveillance du chantier de semis (remplissage de la trémie) en même temps que la récolte.
– L’usage d’épandeurs pneumatiques grande largeur (très peu utilisés en France).
– L’utilisation de plusieurs épandeurs centrifuges à petites graines sur une rampe. Par exemple, deux petits épandeurs installés sur une rampe de pulvérisateur de 24 m de large.
– L’épandage centrifuge en grande largeur des semences. Certaines graines sont suffisamment lourdes pour être projetées sur 24 m de largeur, voire plus (vesces, radis, sorgho, sarrasin…). Si des plus petites graines y sont associées, les semences peuvent être collées entre elles pour former des pellets épandables en grande largeur. Certains agriculteurs réalisent ces pellets eux-mêmes et des semenciers commencent à en proposer prêts à l’emploi.