Extrait d’un article d’Arvalis du 10 mars 2022
Dans un souci d’économiser l’eau d’irrigation, ARVALIS a évalué l’impact dun couvert d’interculture et de son mode de destruction sur la quantité d’eau disponible dans le sol pour le maïs grain suivant.
Si certains services des couverts végétaux sur la culture suivante sont bien connus (fertilisation azotée notamment), leurs effets sur la réserve en eau du sol sont bien moins référencés.
La présence physique d’un mulch (ou paillis) obtenu à partir d’un couvert détruit et roulé au moment du semis du maïs pourrait, en théorie, diminuer l’évaporation de l’eau du sol avant que la culture ne recouvre le sol. Cependant, un couvert développant une biomasse significative au début du printemps va indéniablement puiser dans la réserve en eau du sol, ce qui pourrait pénaliser le maïs.
Si l’objectif est d’économiser l’eau d’irrigation, vaut-il mieux laisser le sol nu jusqu’au semis de la culture de printemps ou implanter un couvert ? Paille ou couvert broyé : quel mulch préserve le mieux l’humidité du sol dans la culture suivante ? C’est pour répondre à ces questions qu’ARVALIS a mis en place un essai entre 2017 et 2019 sur la station expérimentale du Magneraud (17).
Trois types de couverture ont été testés : un mulch de paille épaisse, un couvert détruit et roulé au semis du maïs et un couvert broyé trois semaines avant le semis, comparés à un sol nu. Le semis du maïs était réalisé en semis direct, dans les résidus, avec un semoir adapté.
Pour chaque modalité, des mesures tensiométriques ont permis de suivre l’évolution de la teneur en eau du sol. Le rendement du maïs (à 15 % d’humidité du grain) ainsi que le taux d’humidité du grain à la récolte ont été également mesurés.
Sur l’ensemble de la campagne d’essais, les tensions sous les mulchs de paille sont inférieures en tendance aux autres modalités : le paillage épais garderait le sol plus humide en surface que les mulchs de couvert, eux-mêmes plus protecteurs qu’un sol nul mais consommant de l’eau. Cependant, cette tendance ne se retrouve pas en 2017.
Il est difficile de conclure de ces essais à une possible économie d’eau d’irrigation lorsque le sol est couvert. Il est, en effet, complexe d’appréhender ce qui relève de l’effet du couvert de ce qui relève des autres variations d’itinéraire technique. De plus, étant donné la diversité des facteurs qui entrent en jeu dans les services attendus du couvert (climat, sol, type de couvert…), il est difficile d’extrapoler à d’autres situations à partir de ces essais où tous les paramètres étaient identiques hormis la couverture du sol et le régime hydrique. D’autant plus que, lorsque les agriculteurs mettent en place un couvert présent au semis, l’ensemble de l’itinéraire technique est adapté (date de semis, variété, intrants…).
Pour espérer une économie d’eau sans nuire aux performances du maïs, il faut parvenir à un compromis entre le développement d’une biomasse suffisante du couvert – sans quelle soit excessive en cas de printemps sec – et une technique d’implantation permettant une levée du maïs et un début de cycle optimaux.
Dans le prolongement de ces essais, une seconde expérimentation a été mise en place en 2021, : des lignes sont travaillées au strip-till au sein du couvert trois semaines avant le semis du maïs avec une conduite d’irrigation différenciée pour chaque modalité. Cette technique devrait assurer une levée optimale du maïs à une date de semis plus précoce, tout en maximisant le développement et donc le bénéfice du couvert sur l’inter-rang du maïs.