Depuis quelques mois attaquer l’agriculture biologique semble être le nouveau sport à la mode. A entendre d’aucuns les marchés s’écroulent parce que le consommateur ne veut pas plus de produits sains pour son environnement et sa santé, et à en écouter d’autres l’agriculture biologique s’est perdue dans une dérive industrielle et donc il faudrait sûrement arrêter d’en consommer ? La boucle est bouclée, tout ça permet de justifier que la prochaine PAC ne soutiendra plus ce modèle agricole. Il est donc temps de reprendre le BA.BA pour remettre la Bio à la place qu’elle mérite !
L’agriculture biologique, c’est le modèle agricole le plus exigeant d’Europe
L’agriculture biologique est et va rester longtemps le modèle agricole le plus exigeant d’Europe, en matière de santé, d’environnement, de biodiversité, de climat, encadré par un texte européen et contrôlé par des certificateurs indépendants !
« Derrière le mot bio il y a des agriculteurs et agricultrices qui décident de ne pas utiliser du tout d’engrais ou de phyto issus de la chimie de synthèse, pas plus que des OGM. Ce sont des agriculteurs qui sortent leurs animaux et fournissent la majorité de leur alimentation avec ce qui est produit sur la ferme. La Bio c’est un modèle cohérent et non artificialisé » explique Philippe Camburet, président de la FNAB. Les associations environnementales[1], associations de médecins[2], de bien-être animal, les chercheurs sur la biodiversité[3] plébiscitent tous cette forme d’agriculture.
Les dérives viennent des fraudes ou du non-respect de la réglementation, pas du label Bio
Des risques de dérives, il y en a en Bio. Avant toute chose, ils viennent des fraudes, mais ils peuvent aussi venir d’entreprises qui s’intéressent depuis peu à cette forme d’agriculture et tentent de contourner les règles ou de les diluer. Prenons l’exemple des poules. Un des principes fondamentaux en Bio est qu’une partie de l’alimentation des animaux soit produite à la ferme. Certains acteurs ont réussi à contourner la règle poussant ainsi le développement de gros élevages qui ne respectent plus le cahier des charges biologiques mais qui sont juridiquement inattaquables.
Et le marché dans tout ça ?
Le marché bio connaît une croissance à deux chiffres depuis de nombreuses années. Néanmoins les filières ont aussi besoin de temps pour se structurer et il est normal dans l’évolution d’un marché de connaître des crises de croissance. Nous considérons néanmoins qu’elles sont conjoncturelles et non structurelles.
Alors les solutions pour protéger l’excellence de la Bio c’est quoi ?
- Maintenir une réglementation exigeante et traquer les acteurs qui tentent de contourner les règles. C’est le comité national de l’agriculture biologique qui joue ce rôle aujourd’hui, il doit faire une meilleure place à la société civile militante aux côtés des paysans et paysannes bio et ne pas laisser les industriels dicter les règles d’application de la réglementation
- Mettre les moyens pour relancer la demande :
- En communiquant sur la Bio en général, l’Agence Bio a besoin de plus de moyens financiers pour faire savoir ce qu’est l’agriculture biologique
- En communiquant spécifiquement sur les produits bio, les interprofessions doivent augmenter les budgets de leurs commissions Bio qui sont aujourd’hui ridicules, notamment sur les produits laitiers
- En se fixant des objectifs élevés d’introduction de produits bio spécifiques en restauration hors domicile, notamment sur les produits laitiers, sur le modèle de ce qui a été fait pour la viande avec la loi climat
Et parce qu’on peut toujours faire mieux…
Les paysans Bio ont lancé une nouvelle marque privée « Bio, français, équitable » afin de développer et valoriser des filières biologiques, locales et qui rémunèrent les agriculteurs au juste prix !
Contact :
- Philippe Camburet – président de la FNAB – 06 77 94 85 19
- Eric Guihery, éleveur laitier, membre de la commission Bio de l’interprofession du lait – 07 77 04 50 73
[1] Etude de Greenpeace sur les labels : https://www.greenpeace.fr/demarches-durabilite/
[2] Tribune de médecins défendant l’agriculture et l’alimentation biologique : https://alerte-medecins-pesticides.fr/au-fil-des-jours/manger-bio-un-enjeu-majeur-de-sante-publique-ignore-du-ministre-de-lagriculture-et-de-lalimentation/
[3]https://www.bio-hautsdefrance.org/media/documents/Guide_AB_-_Biodiversit%C3%A9_FNAB_2019_fJK33UN.pdf